Jean-Baptiste Chassignet
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Jean-Baptiste Chassignet
Jean-Baptiste Chassignet
Chassignet (1571-1635) fut surnommé, au même titre que Sponde, “poète de la mort”. Ce sobriquet résulte de la tonalité pessimiste et religieuse de l’ensemble de son oeuvre.
Ce sonnet, daté de 1594, fait partie de l’oeuvre Le mesprit de la vie et consolation sur la mort.
Nous allons voir en quoi ce texte est caractéristique du mouvement baroque.
Pour cela, nous allons tout d’abord étudier le parallélisme que l’auteur met en place entre la vie et le cours d’une rivière, puis nous nous pencherons sur la structure logique du poème.
I) Le parallèle entre la vie et la rivière
La réflexion de Chassignet est mise en place dans ce poème grâce à une comparaison entre le cours de l’eau, le temps qui passe et la vie humaine. Le champ lexical de l’eau est concentré dans les deux premiers quatrains alors que celui du temps est présent dans tout le poème, ce qui en fait le thème dominant. Cette comparaison permet à Chassignet de montrer que la vie est sous le signe du changement perpétuel tout comme le cours de la rivière, et qu’elle serait comme ce cours, de passage (“perpétuel cours”, “onde première”, “naguère coulait”, “l’eau change tous les jours et tous les jours elle passe”).
D’autre part, l’idée du changement est développée à travers les termes “ondante”, “fluer”, “varie”,... et est renforcée par un jeu des temps et d’autres procédés comme l’opposition entre le premier et le deuxième quatrain (“mais”) ou le chiasme vers 6 et 7.
On note également un autre aspect de la réflexion de l’auteur, une contradiction développée dans le dernier tercet et chère aux baroques : alors que l’on présente la vie comme changeante, la notion de language donne une image fixe de l’être humain, immobile dans le temps (“la nommons toujours”, “même fleuve et même eau, de la même manière”, “sans varier”, “toujours même”).
=>Chassignet met donc en évidence ce qui, pour lui, constitue une abérration de language : il existe un décalage entre la réalité sans cesse changeante et l’illusion de fixité que donne le language, qui attribue une identité invariable aux éléments.
II) Une structure logique : une démarche démonstrative
Tout au long du poème, Chassignet met en place une démarche argumentative pour influencer l’état d’esprit du lecteur.
*Au vers 1, il emploie l’impératif (“assieds-toi”) pour proposer une expérience au lecteur, qui va ainsi devenir observateur. Par la suite, à partir du vers 2, il emploi un futur de certitude (“tu la verras”) pour signifier une vérité générale au sujet du cours de l’eau. Dans le deuxième quatrain, la phrase “mais tu ne verras rien” marque une opposition avec le premier quatrain, une restriction du constat réalisé. Le premier tercet s’ouvre sur le lien logique “ainsi” qui permet ici de créer le paralèlle entre l’eau qu’observe le lecteur et la vie humaine, qu’il s’agit de comparer. Le deuxième tercet développe la réflexion sur l’Homme en apportant une précision sur son nom.
*D’autre part, on note la présence de pronoms de la première et deuxième personne : l’auteur s’adresse à son lecteur en le tutoyant, pour montrer que les deux personnages sont frères spirituellement. Cet aspect est généralisé par le pronom “nous” vers 7 et 14 qui montre ainsi que la réflexion menée est valable pour tous.
=>Chassignet met donc en place une structure logique puisque les deux quatrains développent le comparant (eau) et les deux tercets le comparé (Homme). La progression est permise par des liens logiques qui permettent eux-même au poète de mettre en place une expérience à valeur exemplaire afin de convaincre le lecteur d’une vérité irréfutable, ce qui constitue une véritable démonstration.
CONCLUSION
Le poème de Chassignet s’appuie sur une image récurrente dans l’art baroque : l’image de l’eau. Cette image est un véritable TOPOS que l’esthétique baroque a reproduit afin de symboliser l’inconstance de la vie humaine. Avant les baroques, c’est Montaigne dans Les Essais qui avait introduit cette idée : “Tout bouge sans cesse”. Chassignet introduit cependant un nouvel aspect à cette réflexion séculaire : il développe en effet une opposition entre la réalité et le language qui est le reflet de la véritable crise d’identité vécue par les baroques : ils avaient une conscience quasi-obsessionnelle du changement de l’être humain et du caractère inconstant de la vie à tel point qu’ils avaient l’impression que le monde leur échappait.
Chassignet (1571-1635) fut surnommé, au même titre que Sponde, “poète de la mort”. Ce sobriquet résulte de la tonalité pessimiste et religieuse de l’ensemble de son oeuvre.
Ce sonnet, daté de 1594, fait partie de l’oeuvre Le mesprit de la vie et consolation sur la mort.
Nous allons voir en quoi ce texte est caractéristique du mouvement baroque.
Pour cela, nous allons tout d’abord étudier le parallélisme que l’auteur met en place entre la vie et le cours d’une rivière, puis nous nous pencherons sur la structure logique du poème.
I) Le parallèle entre la vie et la rivière
La réflexion de Chassignet est mise en place dans ce poème grâce à une comparaison entre le cours de l’eau, le temps qui passe et la vie humaine. Le champ lexical de l’eau est concentré dans les deux premiers quatrains alors que celui du temps est présent dans tout le poème, ce qui en fait le thème dominant. Cette comparaison permet à Chassignet de montrer que la vie est sous le signe du changement perpétuel tout comme le cours de la rivière, et qu’elle serait comme ce cours, de passage (“perpétuel cours”, “onde première”, “naguère coulait”, “l’eau change tous les jours et tous les jours elle passe”).
D’autre part, l’idée du changement est développée à travers les termes “ondante”, “fluer”, “varie”,... et est renforcée par un jeu des temps et d’autres procédés comme l’opposition entre le premier et le deuxième quatrain (“mais”) ou le chiasme vers 6 et 7.
On note également un autre aspect de la réflexion de l’auteur, une contradiction développée dans le dernier tercet et chère aux baroques : alors que l’on présente la vie comme changeante, la notion de language donne une image fixe de l’être humain, immobile dans le temps (“la nommons toujours”, “même fleuve et même eau, de la même manière”, “sans varier”, “toujours même”).
=>Chassignet met donc en évidence ce qui, pour lui, constitue une abérration de language : il existe un décalage entre la réalité sans cesse changeante et l’illusion de fixité que donne le language, qui attribue une identité invariable aux éléments.
II) Une structure logique : une démarche démonstrative
Tout au long du poème, Chassignet met en place une démarche argumentative pour influencer l’état d’esprit du lecteur.
*Au vers 1, il emploie l’impératif (“assieds-toi”) pour proposer une expérience au lecteur, qui va ainsi devenir observateur. Par la suite, à partir du vers 2, il emploi un futur de certitude (“tu la verras”) pour signifier une vérité générale au sujet du cours de l’eau. Dans le deuxième quatrain, la phrase “mais tu ne verras rien” marque une opposition avec le premier quatrain, une restriction du constat réalisé. Le premier tercet s’ouvre sur le lien logique “ainsi” qui permet ici de créer le paralèlle entre l’eau qu’observe le lecteur et la vie humaine, qu’il s’agit de comparer. Le deuxième tercet développe la réflexion sur l’Homme en apportant une précision sur son nom.
*D’autre part, on note la présence de pronoms de la première et deuxième personne : l’auteur s’adresse à son lecteur en le tutoyant, pour montrer que les deux personnages sont frères spirituellement. Cet aspect est généralisé par le pronom “nous” vers 7 et 14 qui montre ainsi que la réflexion menée est valable pour tous.
=>Chassignet met donc en place une structure logique puisque les deux quatrains développent le comparant (eau) et les deux tercets le comparé (Homme). La progression est permise par des liens logiques qui permettent eux-même au poète de mettre en place une expérience à valeur exemplaire afin de convaincre le lecteur d’une vérité irréfutable, ce qui constitue une véritable démonstration.
CONCLUSION
Le poème de Chassignet s’appuie sur une image récurrente dans l’art baroque : l’image de l’eau. Cette image est un véritable TOPOS que l’esthétique baroque a reproduit afin de symboliser l’inconstance de la vie humaine. Avant les baroques, c’est Montaigne dans Les Essais qui avait introduit cette idée : “Tout bouge sans cesse”. Chassignet introduit cependant un nouvel aspect à cette réflexion séculaire : il développe en effet une opposition entre la réalité et le language qui est le reflet de la véritable crise d’identité vécue par les baroques : ils avaient une conscience quasi-obsessionnelle du changement de l’être humain et du caractère inconstant de la vie à tel point qu’ils avaient l’impression que le monde leur échappait.
raoul31- Modérateur
- Nombre de messages : 648
Age : 35
Date d'inscription : 29/09/2005
Re: Jean-Baptiste Chassignet
Si vous avez ce poème au bac, je vous hais.
CallMeGnou- Il a dessiné une bite
- Nombre de messages : 816
Age : 35
Date d'inscription : 30/09/2005
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